ÉCOCONTRIBUTION / Etude et expérimentation de moyens de coexistence entre faune sauvage et activités agricoles
COEXISTENCE : AMELIORER L'ACCEPTATION DE LA BIODIVERSITE EN MILIEU AGRICOLE
Les chasseurs le savent bien, faune sauvage et agriculture ne font pas toujours bon ménage. Le territoire breton, fait de mosaïques de parcelles cultivées entre lesquelles prennent place des petits espaces naturels, multiplie les interfaces entre la faune sauvage et les activités humaines et donc les risques de dégâts et de conflits.
C’est alors que les chasseurs sont sollicités pour intervenir en régulation de ces espèces et ainsi limiter les dommages aux cultures. Certaines espèces, comme le Lapin de garenne, peuvent donc subir des pressions de régulation, alors que les populations sont globalement en régression.
Les conflits avec le gibier conduisent également à limiter la tolérance des exploitants vis-à-vis de la présence de la faune sauvage, ou en freinant leur volonté d’aménager des supports de biodiversité au sein de leur territoire (bocage, bords de champs, zones humides, etc.). Enfin, les dégâts répétés peuvent aussi inciter les exploitants à supprimer les habitats des espèces qui leur posent des problèmes comme les haies, les friches, les landes, etc. et donc détruire des espaces de biodiversité.
Ainsi, nous pouvons dire que les conflits entre agriculteurs et faune sauvage ne sont pas seulement néfastes aux cultures mais contribuent aussi à l’érosion de la biodiversité plus globalement.
Face à ce constat, la Fédération des chasseurs du Finistère a eu recours aux fonds éCOCONTRIBUTION pour le financement d’un projet s’intéressant aux solutions de COEXISTENCE entre agriculteurs et faune sauvage afin de ‘’protéger les espèces, tout en protégeant les productions’’, avec le soutient de l'OFB. Elle souhaite ainsi être en mesure d’accompagner les agriculteurs, en proposant des solutions concrètes permettant une coexistence sereine avec la faune sauvage, notamment déprédatrice, et ainsi lever certains freins à davantage de mesures favorables à l’accueil de la biodiversité dans leur exploitation.
Depuis 2021, le projet a connu deux phases de travail, la première (2021-2022) a consisté à étudier la nature des conflits récurrents entre faune sauvage et activités agricoles, et à collecter les solutions de coexistence connues. En parallèle, des enquêtes anthropologiques ont été réalisées par Manue Piachaud, spécialiste des relations faune/activités humaines, pour mieux comprendre les représentations et les niveaux de tolérance des agriculteurs pour la faune sauvage.
La seconde phase (2023-2024) consiste à tester les solutions trouvées, pour estimer leur efficacité, et pouvoir les mettre en place à grande échelle.
PREMIERE PHASE : DEFIANCE VIS-A-VIS DE LA FAUNE SAUVAGE
Les différents tests et enquêtes, auprès de 100 acteurs, donnent des informations déjà très instructives. Concernant les entretiens et sondages, nous apprenons que parmi les agriculteurs ayant répondu au sondage :
- la moitié pense que cohabiter avec la faune sauvage peut mettre en péril leur exploitation ;
- les 2/3 des agriculteurs ne sont pas prêts à laisser plus de place à la biodiversité dans leur exploitation ;
- Les 2/3 des agriculteurs trouvent les mesures de prévention installées par les chasseurs efficaces.
On voit, dans ces réponses, la dééfiance des agriculteurs vis-à-vis de la présence de la faune sauvage et l’intérêt à améliorer les possibilités de coexistence pour la biodiversité.
Autre fait intéressant, les agriculteurs considèrent souvent que les chasseurs sont ‘’responsables’’ de la faune sauvage. La qualité des relations entre les chasseurs et l’agriculteur influence la tolérance de l’agriculteur pour la présence de la faune sauvage. En effet, si les relations sont bonnes et régulières et que l’agriculteur juge que les actions des chasseurs sont satisfaisantes du point de vue de la prévention des dégâts, la faune sauvage sera mieux acceptée. Si, au contraire, les actions sont jugées insatisfaisantes, la faune sauvage sera davantage rejetée.
Ainsi, par leur investissement et leur relationnel, les chasseurs peuvent jouer un vrai rôle d’ ‘’ambassadeur de la faune’’ auprès des agriculteurs. Ceci valorise encore le rôle des chasseurs dans la gestion du territoire.
Consulter le rapport d'étude / en cours de finalisation.
SECONDE PHASE : TEST DES SOLUTIONS DE COEXISTENCE
Concernant les solutions de coexistence, elles ont été classées en six catégories : les protections physiques (filets, clôtures, électrifiées ou non), effaroucheurs (visuels ou sonores), les répulsifs (olfactifs ou gustatifs), les techniques culturales (variétés moins appétentes, profondeur de semis, etc.), les actions sur la capacité d’accueil (bande enherbée, culture faune sauvage, ressource de détournement), actions sur les effectifs (reprise et régulation).
Parmi ces solutions, des tests sont en cours contre des dégâts de lapins de garenne, de lièvres et de blaireaux dans divers types de culture. Nous sommes particulièrement intéressés par l’effet des bords de champs pour la prévention des dégâts. Ci-dessous, une bande enherbée, installée en bordure d’une culture de maïs, a permis de la protéger des dommages commis par des lapins de garenne installés dans le talus.
A gauche : test de protection de tunnels de fraises, par du double-fils électrifié, contre des dégâts importants de blaireaux. A droite : une bande enherbée, installée le long d’un talus colonisé par des lapins de garenne, a permis d’éviter les dégâts au semis.
Consulter le rapport d'étude / projet en cours.
CELA VOUS INTERESSE ?
Pour poursuivre ces travaux, nous allons solliciter les agriculteurs se trouvant être aussi chasseurs, qui sont des partenaires privilégiés dans la recherche de solutions. Nous souhaitons entendre leur point de vue sur les dégâts de la faune sauvage, collecter les solutions qu’ils mettent en place pour coexister avec elle et pour ceux qui le souhaite, proposer de tester des solutions dans leur exploitation.
N’hésitez pas à vous manifester si cela vous intéresse en appelant la Fédération ou votre technicien de secteur, ou par mail à stephanie.leissen@fdc29.com